Bonjour Nicolas, pouvez-vous nous parler de votre parcours et ce qui vous a poussé à fonder Warning Trading ?
Bonjour et merci pour votre intérêt. Mon parcours est avant tout celui de Monsieur tout le monde puisque, comme un quart des Français, j’ai été victime d’une escroquerie financière. C’est ce qui m’a poussé, à 40 ans, à dénoncer l’arnaque dont j’ai été victime et par la suite de travailler pour le compte de particulier puisque je maitrisais bien mon sujet. Cela m’a permis de cerner les mécanismes de placement et les failles exploitées par les escrocs. J’ai été rapidement confronté au désarroi d’épargnants floués et j’ai réalisé que le manque d’information et de soutien pour ces victimes était criant.
C’est dans cette optique que j’ai fondé Warning Trading. Notre ambition est double : d’une part, alerter le public sur les risques et les pratiques frauduleuses qui se multiplient, d’autre part, fournir un premier niveau d’aide concret et accessible à ceux qui ont déjà été abusés. Et l’après Warning Trading peut également s’appuyer sur des partenaires qui nous financent par le biais de la publicité et que l’on trie sur le volet. Ils sont avocats, experts en cybersécurité et spécialistes du traçage de flux en cryptomonnaie. Une fois les victimes nourries par nos ressources d’information, ils sont capables de décrypter les montages frauduleux et d’aider les victimes dans les premières démarches.
Comment décririez-vous l'ampleur et la nature des escroqueries financières en ligne aujourd'hui et pourquoi les épargnants continuent d'en être victimes ?
Les escroqueries sont en augmentation rapide, avec une hausse de 64% entre 2016 et 2023. Si cette tendance se poursuit, il est probable qu'un pourcentage encore plus élevé, que le 25% de Français dont je suis issue, sera confronté à des arnaques au cours de leur vie.
Les escroqueries financières en ligne représentent aujourd’hui un phénomène massif, en constante évolution. Les fraudeurs s’adaptent très vite : ils utilisent des méthodes de plus en plus sophistiquées, notamment via des plateformes de trading illégales, des messages sur les réseaux sociaux ou encore des appels téléphoniques personnalisés.
Selon diverses estimations, les pertes liées aux escroqueries financières en ligne ont doublé en huit ans, passant de 2,3 milliards d'euros à 4,5 milliards d’euros ! Les épargnants continuent d’en être victimes principalement pour deux raisons :
Leur méconnaissance des mécanismes d’investissement : Beaucoup ne sont pas familiarisés avec les fondamentaux de la finance et tombent dans le piège de promesses de rendements irréalistes.
La confiance abusive dans des plateformes « professionnelles » : Les sites frauduleux savent se donner une apparence légitime (logo, mentions légales factices, faux régulateurs, etc.), ce qui rassure à tort les épargnants.
Pourriez-vous nous expliquer pourquoi certains épargnants, comme Monsieur Victor P. et Monsieur François B., ont perdu jusqu'à 30 000 € ou plus à travers ces plateformes non régulées ?
Les épargnants comme Monsieur Victor P. ou Monsieur François B. se retrouvent souvent piégés par la promesse de gains rapides et importants. Les plateformes non régulées ont un fonctionnement caractéristique :
Publicité agressive et démarchage : Les victimes sont contactées par téléphone, e-mail, ou via des publicités ciblées en ligne. Ces publicités mettent en avant des témoignages inventés, des « success stories » ou des faux avis d’experts.
Absence de cadre juridique : En l’absence de régulation, rien ne garantit la sécurité des fonds investis. Les fondateurs de ces sites peuvent disparaître à tout moment.
Manipulation psychologique : Les escrocs utilisent souvent un discours bien rodé, basé sur la confiance et l’urgence, pour inciter la victime à remettre de plus en plus d’argent.
Lorsque les victimes veulent récupérer leurs fonds, la plateforme multiplie les obstacles : demandes de frais de retrait exorbitants, justificatifs sans fin ou simplement coupure de tout contact. Les victimes se retrouvent alors dans l’incapacité de retirer leurs économies.
Quelle est votre approche pour soutenir les victimes dans leur quête de récupération des fonds perdus et quelles stratégies utilisez-vous pour les batailles judiciaires contre les escrocs ?
Notre approche s’organise autour de quatre axes principaux :
Orienter immédiatement les victimes vers les informations pertinentes :
Nous avons structuré notre site pour que les victimes arrivent directement sur l’article qui concerne leur arnaque spécifique, et non sur une page d’accueil générale. Cela leur permet d’obtenir immédiatement des réponses adaptées à leur situation : soit pour prévenir une arnaque en cours, soit pour confirmer leurs soupçons et comprendre ce qui leur est arrivé.
Fournir des ressources pour identifier leur préjudice et agir :
Nous mettons à disposition de nombreux contenus pédagogiques et pratiques. Ces ressources aident les victimes à reconnaître les signes distinctifs de leur escroquerie (plateformes frauduleuses, vols de cryptomonnaies, usurpation d’identité, etc.) et à savoir quelles démarches entreprendre : signalement, dépôt de plainte, ou prise de contact avec des professionnels compétents.
Créer un espace de dialogue entre victimes :
Nous offrons aux victimes la possibilité de se regrouper sur un forum dédié à leur arnaque. Ces échanges sont précieux pour partager des informations, renforcer leur compréhension du mécanisme frauduleux et, dans certains cas, organiser des actions collectives. Ces regroupements permettent souvent d’augmenter leur poids dans les démarches juridiques.
Collaborer avec des partenaires fiables pour soutenir les victimes :
Grâce à nos partenariats avec des experts de confiance, comme Maître Novakov, nous avons aidé des victimes telles que Victor et François à avancer dans leur quête de justice. Ces collaborations couvrent des cas variés, allant des litiges financiers aux vols de cryptomonnaies. Nous choisissons ces partenaires avec soin, en vérifiant leur réputation et leur éthique, afin de garantir un accompagnement professionnel, sérieux et adapté aux besoins de nos victimes.
Bien sûr, récupérer 100 % des fonds n’est pas toujours possible, surtout lorsque les escrocs opèrent depuis l’étranger. Mais nous obtenons parfois des compromis ou des arrangements lorsque nous parvenons à identifier les véritables responsables ou leurs comptes bancaires.
Selon vous, quel rôle les banques devraient-elles jouer dans la prévention des escroqueries financières en ligne et comment évaluez-vous leur devoir de vigilance dans ce contexte ?
Les banques ont un rôle crucial à jouer en matière de prévention et de détection de la fraude. D’un point de vue légal, elles sont soumises à un devoir de vigilance.
Elles devraient :
Analyser les transactions suspectes : Les transferts vers des comptes localisés dans des juridictions à risque ou sur des plateformes non régulées devraient systématiquement alerter le service de conformité.
Sensibiliser leurs clients : Informer la clientèle sur les risques d’escroqueries via des supports pédagogiques (brochures, alertes sur l’espace client en ligne, etc.).
Coopérer plus étroitement avec les autorités : En cas de soupçon, le gel des fonds et la communication rapide d’informations aux autorités peuvent empêcher le transfert définitif de l’argent.
Dans la pratique, le degré d’implication varie d’une banque à l’autre. Certaines mettent en place des dispositifs d’alerte et d’accompagnement très structurés, tandis que d’autres restent plus passives, ce qui peut faciliter le travail des escrocs.
Quels conseils donneriez-vous aux épargnants pour éviter de tomber dans ces pièges et quelle importance accordez-vous à l'information et à la prévention dans votre travail quotidien ?
Le premier conseil est de toujours vérifier la régulation de la plateforme avant d’investir. Un simple passage sur le site de l’AMF ou de l’ACPR permet souvent de déceler les acteurs non autorisés.
Ensuite, il faut se méfier des promesses de rendements irréalistes. Dans le monde de l’investissement, les gains élevés s’accompagnent toujours de risques élevés. Toute proposition « sans risque » et avec des rendements très supérieurs à la moyenne est suspecte.
Il est également essentiel de diversifier ses placements et de ne jamais investir plus que ce que l’on peut se permettre de perdre.
Enfin, je recommande aux épargnants de consulter des sources d’information fiables et de ne pas hésiter à demander conseil à des professionnels reconnus. Chez Warning Trading, la sensibilisation et la prévention sont au cœur de notre mission : nous publions régulièrement des articles, des fiches pratiques et des alertes pour aider les investisseurs à identifier les signaux d’arnaques.
En regardant vers l'avenir, quelles collaborations espérez-vous renforcer pour maximiser l'impact de Warning Trading dans la lutte contre ces arnaques financières et protéger davantage d'épargnants ?
Une collaboration plus active avec les autorités publiques et les décideurs politiques :
En France, il est malheureusement difficile pour une entreprise à but lucratif comme la nôtre, bien que site de presse agréé par le ministère de la Culture, de travailler directement avec les institutions publiques. Pourtant, il est essentiel qu’un politique s’empare de ce sujet, car les escroqueries que nous dénonçons sont de plus en plus souvent structurées par des organisations criminelles, terroristes ou même issues de pays autoritaires. Cette dimension dépasse les capacités d’une structure comme la nôtre et nécessite des actions coordonnées au niveau national et international.
Intégrer un volet psychologique dans l’accompagnement des victimes :
De plus en plus de victimes expriment un besoin de soutien psychologique après avoir subi une arnaque financière. Ces escroqueries ne détruisent pas seulement des finances, mais touchent aussi profondément à la confiance en soi et aux relations personnelles. Nous travaillons à intégrer cet aspect dans nos actions, en explorant des partenariats avec des professionnels de santé ou des associations spécialisées.
Améliorer la détection précoce des arnaques :
Nous cherchons à développer des outils et des moyens pour repérer les arnaques dès leur apparition. L’objectif est de pouvoir intervenir davantage en prévention, afin de réduire le nombre de victimes, plutôt que d’agir uniquement après que le mal soit fait. Cela implique notamment de renforcer nos capacités de veille et d’analyse, en partenariat avec des experts en cybersécurité ou des entreprises technologiques.